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vendredi 5 avril 2013

Chronologie

Il est nécessaire de dire en premier lieu le principal défaut du choix auquel nous nous sommes résignés. Nous présentons la biographie de l’auteur sous la forme d’une chronologie, ouvrant vers des chapitres détaillant les événements. Cette chronologie donne une égale importance à des événements qui mériteraient un éclairage plus plastique qui, loin de tout lire sur un même plan, donnerait aux événements déterminants une amplitude plus large et une plus grande place, enfin, une présence plus convaincante, laissant dans une ombre relative les événements secondaires.
C’est une des raisons majeures qui font que ce site jamais ne pourra prétendre se substituer aux différents ouvrages biographiques existant. Ceux de Michel Surya en tête.
Une autre est que l’on cherche ici à dépouiller au maximum les événements des réflexions, ou des parallèles avec l’œuvre qu’ils appellent par eux-mêmes (exception faite des événements méconnus ou rarement interrogés). Cette section du site est donc à lire à titre indicatif, et comme base de données, et comme compléments aux ouvrages (de Bataille lui-même, des commentateurs), qui mettent en lien le biographique, le romanesque, le philosophique.

Le découpage en périodes n'est pas exempt de gratuité non plus. Il essaye de coller à une certaine objectivité, articulant les différentes périodes à partir de faits marquants ou de tournants visibles et indéniables. Choix qui s'attache aux différences, aux changements, aux revirements, niant quelque peu la profonde continuité qui demeure intacte derrière ces évolutions, évolutions importantes mais qui ne concernent que les intentions les plus manifestes et la rédaction de ses essais. Ce découpage laisse donc au second plan ce qui pourtant n'est pas qu'anecdotique, ce qui pourtant est tout aussi important : le travail d'écrivain, la rédaction de romans, de récits, de nouvelles, de scénarii, qui eux appelleraient assurément un tout autre découpage, voire interdiraient tout morcellement.

Ce choix, pour discutable, presque intenable qu'il soit, nous a pourtant paru inévitable. D'autres auraient été possibles. Peut-être souhaitables.



Présentation des différentes période




  • Enfance et période de formation (1897-1922)


Cette période court de la naissance à la présentation de la thèse et à l’obtention du poste de bibliothécaire stagiaire à la BNF, c'est-à-dire à son entrée dans la vie active. Les liens avec le contexte y sont distants, et ce dernier n’est donné qu’à titre indicatif. Les liens avec la vie littéraire et artistique semblent pratiquement nuls, et ceux avec le contexte politique rapidement résorbés dans l’individuel et le familial, ce qui ne sera plus le cas par la suite.
C’est lors de cette période qu’il forge son caractère, son tempérament et qu’apparaissent l’essentiel des éléments qu’il exploitera plus tard au cours de ses livres et de ses recherches. C’est à cette période en effet qu’apparaissent l’essentiel des motifs et thèmes qui apparaîtront dans son œuvre.

  • Période d’engagements et temps des revues (1922-1939)


Cette période s’ouvre sur l’entrée dans la vie littéraire, la découverte de la philosophie, de la sociologie et de la psychanalyse, et sera caractérisée par une attention anxieuse et soutenue au monde qui l’entoure. Contexte littéraire déjà, avec ses relations houleuses, hostiles parfois, avec le surréalisme, et surtout son inquiétude face à la montée du fascisme dans toute l’Europe et son intérêt passionné pour la politique et les affaires (scandales et crimes) qui marquent l’opinion publique. Il s’engagera d’ailleurs sur les deux plans, à chaque fois par l’intermédiaire d’une revue : « Documents » d’une part, « Contre-attaque » de l’autre. C’est une période aussi où il constituera un grand nombre de groupes, et où il en traversera beaucoup, preuve d’une effervescence à cette époque qui ne connaîtra pas son pareil par la suite : plusieurs cercles littéraires surréalistes, cercle communiste démocratique, collège de sociologie, séminaires à l’école des hautes études, société de psychologie collective, société secrète, tous lieux de regroupement avec les ethnologues, les sociologues, les psychologues, les écrivains, les artistes, les penseurs politiques, dont il se nourrit et qu’il accompagne, écrivant essentiellement des articles, donnant des conférences. Cette période s’achève sur la dissolution des derniers groupes et revues, sur son désintérêt et son dégoût pour la politique, moteur pourtant de cette période, sur la rédaction du Coupable et donc de ce qui deviendra par la suite la Somme Athéologique, et surtout elle s’achève l’année au cours de laquelle la seconde guerre commence, dernière preuve de l’intimité pendant cette période entre l’existence de Bataille, sa pensée, et le contexte politique et historique.

  • La Somme Athéologique et la parenthèse mystique (1940-1945)


Cette période est la période qui couvre la seconde guerre mondiale, cette « drôle de guerre » que Bataille vivra dans un désœuvrement et une solitude lourde et maladive. Elle s'ouvre sur la rédaction du journal en temps de guerre de Bataille, Le Coupable, qui est au moins en partie une rumination autour de la mort de Colette Peignot. C'est la période pendant laquelle il se ressaisit de tout son parcours, de ses 20 dernières années de vie, sous les catégories particulières du Sacré, du mysticisme, de l'expérience intérieure, porté en cela par la publication des ouvrages d'Angèle de Foligno et sa découverte des méthodes de méditation bouddhistes. Mais ce détour, n'est, assurément qu'un détour : le mysticisme ne l'intéresse qu'en tant qu'il lui permet de parler d'autre chose : langage, poésie, révolte, par d'infinis détours, par une écriture fragmentaire et pathétique autant que rigoureuse.
Elle s'achève évidemment avec la fin de la guerre.


  • L'économie générale contre les guerres possibles (1946-1953)


Dès la guerre finie, Georges Bataille ne fait plus mention de ses recherches précédentes sur l'expérience intérieure, la méditation et le mysticisme. Tout cela est derrière lui. La guerre finie, une nouvelle période commence, avec le lancement très rapide de sa nouvelle revue, Critique, et avec l'élaboration d'une nouvelle « somme », la Part Maudite, principalement laissée en friche et non publiée de son vivant, ensemble d'essais qui marque un changement dans le style, plus clair, plus scientifique, dans la manière d'exposer les idées, plus argumentée et rationnelle. Mais le changement le plus important concerne surtout les ambitions que Bataille poursuit alors : ambition avérée dès les premiers textes de donner une théorie qui, appliquée, devrait permettre aux hommes d'éviter les guerres futures.
Cette période s'achève avec l'abandon de la rédaction des deux tomes inachevés de la Part Maudite : Histoire de l’Érotisme et La Souveraineté.


  • Le déclin des force et les « essais bilans » (1954-1962)


Une fois La part Maudite abandonnée, et avec les deux livres d'art publiés par Albert Skira, le Manet et le Lascault ou la naissance de l'art, Georges Bataille publie en moins de dix ans un ensemble d'essais qui constitueront la forme la plus aboutie de sa pensée et de son élucidation ; ouvrages qui sont comme les bilans successifs de tous ses travaux précédents, ressaisis ici de manière synthétique, serrée et claire. Les ouvrages, pour les plus célèbres, sont d'ailleurs soit des refontes de travaux abandonnés, L'érotisme, qui reprend pour l'essentiel L'histoire de l'érotisme, soit d'articles publiés depuis 1945, comme c'est le cas de La littérature et le mal. Enfin, d'une certaine manière, l'exposé le plus clair et le plus intéressant de sa pensée se trouve dans l'introduction qu'il a donnée au Procès de Gilles de Rais, qui, d'une certaine manière, expose d'une manière vive et rapide ce qu'il dit dans la Souveraineté.
Le dernier ouvrage auquel il travailla, Les larmes d’Éros, texte qui devait s'accompagner d'un grand nombre de photographies et de reproductions d’œuvres d'art, atteint, dans sa concision et sa précision une force qui a tout point de vue aurait été l'accomplissement de son œuvre, pour ce qui peut se dévoiler d'elle par le versant érotique.

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